Cette équipe de l’Université Brown (Providence) a mis au point un revêtement pour cathéters intravasculaires qui tue les bactéries et les empêche de former des biofilms difficiles à éliminer. Ces cathéters sont capables de garder les bactéries à distance avec une capacité antimicrobienne jusqu'à 26 jours, beaucoup plus durable que d’autres revêtements existants. Les chercheurs présentent ce revêtement dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology et espèrent qu’il pourra un jour être appliqué en clinique, où il pourrait contribuer à réduire le risque d’infections liées aux soins (IAS).
Un type d'infections représentant un fardeau majeur pour les hôpitaux, les prestataires de santé et surtout pour les patients, relève l’auteur principal, Anita Shukla, professeure en ingénierie à Brown. Aux seuls États-Unis, plus de 150 millions de cathéters intravasculaires sont implantés chaque année et des infections se développent chez 250.000 patients chaque année. Ces infections sont mortelles dans 25% des cas et, même en cas de traitement réussi, pèsent lourd en termes de coûts de santé. « Nous avons cherché à développer un revêtement capable à la fois de tuer les bactéries planctoniques et de prévenir leur colonisation sur les surfaces. Nos résultats préliminaires suggèrent que nous avons là quelque chose de très prometteur ».
Le revêtement, en polyuréthane, peut être facilement appliqué sur différents types de surfaces en milieu hospitalier et médical, et libère progressivement un médicament appelé auranofine capable de tuer les bactéries Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM). Cette capacité antimicrobienne perdure pendant près d'un mois. Les tests montrent églement que le revêtement peut empêcher la formation de biofilms résistants au traitement antimicrobien.
L’auranofine utilisée pour ce nouveau revêtement est un médicament développé et approuvé à l'origine par la US Food and Drug Administration pour traiter l'arthrite, mais de précédentes études ont montré que la molécule était également très efficace pour tuer le SARM et d'autres microbes dangereux. En outre, il est difficile pour les bactéries de développer une résistance naturelle contre l’auranofine.
Les tests :
- des cathéters ont été exposés au SARM, à la fois en solution et sur des plaques d'agar où les bactéries du SARM se développent. Le revêtement est parvenu à inhiber la croissance du SARM durant 26 jours.
- L'imagerie par bioluminescence montre également l’absence de formation de biofilm. « Les biofilms constituent un moyen très efficace pour les bactéries d’échapper aux antibiotiques, qui les rend des milliers de fois plus difficiles à traiter, en termes de concentration de médicament. Le fait que ce nouveau revêtement peut empêcher leur formation est primordial ».
- Ces tests préliminaires montrent également que le revêtement n'entraine aucun effet indésirable sur le sang humain ou les cellules du foie.
Des tests supplémentaires seront nécessaires avant que le revêtement ne soit prêt à être utilisé en pratique clinique. Le fait que la FDA ait approuvé les 2 principaux composants du revêtement pour d'autres utilisations, devrait accélérer le processus d'approbation.
Source: Frontiers in Cellular and Infection Microbiology 28 February 2019 DOI: 10.3389/fcimb.2019.00037 Auranofin Releasing Antibacterial and Antibiofilm Polyurethane Intravascular Catheter Coatings (Visuel Brown University)
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