C’est un désinfectant à la demande, sans conditionnement encombrant, en quelque sorte déshydraté, mais qui devient microgel pour le soin des plaies, que nous décrit cette équipe de chimistes et d’ingénieurs de l’Université technologique du Michigan. A sa base, le peroxyde d'hydrogène -un composé également utilisé pour le blanchiment des dents-. Transportable sous forme de poudre sèche, transformable une fois hydraté en microgel, ce désinfectant innovant réduit la capacité d’infection des bactéries et des virus de 99%. Une nouvelle technologie documentée dans la revue spécialisée Acta Biomaterialia qui promet un désinfectant cicatrisant à emporter partout.
L’équipe de scientifiques a découvert cette application du peroxyde d'hydrogène en travaillant à la conception d’adhésifs intelligents. Au départ, les ingénieurs cherchaient à extraire un acide aminé collant des moules, le catéchol, un composé prometteur pour les adhésifs intelligents : en effet, une petite décharge d'électricité peut réguler son adhérence. Au cours du processus d’extraction, l’équipe constate alors une réaction d’oxydation qui dégage du peroxyde d'hydrogène. L’équipe teste alors la poudre obtenue contre différentes souches bactériennes et virales et constate que la poudre élimine la quasi-totalité de la capacité d'infection.
Un désinfectant à la demande, sans conditionnement encombrant : les chercheurs ont donc réfléchi à une forme galénique mieux adaptée, capable d’occuper plus de surface -en particulier pour favoriser la réaction chimique ou recouvrir le site de plaie- et si possible réutilisable. L'équipe a donc développé un microgel, à base de polymère -comme de nombreux dispositifs de pansement. De la forme sèche en poudre, ils parviennent à passer, avec de l’eau, à cette forme de gel qui conserve toutes les propriétés désinfectantes et cicatrisantes de la forme sèche. Et une fois que le gel est à nouveau sec, il redevient poudre, et le dispositif se réinitialise et peut ainsi être réutilisé. C’est donc un désinfectant à la demande, sans conditionnement encombrant et sans les problèmes de stockage qui vont avec.
Un gel antimicrobien et antiviral : comme le microgel continue de créer et de libérer du peroxyde d'hydrogène, sa puissance reste élevée, et plus élevée qu’un désinfectant liquide sur du coton. Les effets du microgel, testé sur 2 souches bactériennes communes (Staphylococcus epidermidis et Escherichia coli et 2 virus (parovirus porcin et virus de la diarrhée virale bovine ou BVDV) sont concluants, le microgel réduit la virulence des différentes souches de 99,9%.
Des possibilités presque infinies : car la poudre est facilement stockable et transportable dans des dispensaires isolés ou des zones de guerre. Il reste néanmoins encore un long chemin à parcourir, en particulier pour affiner les dosages car de trop fortes concentrations de peroxyde d'hydrogène peuvent tuer les cellules…Mais la preuve de concept est là.
Et les chercheurs espèrent pouvoir un jour la faire livrer par Amazon Prime !
Source: Acta Biomaterialia 26 October 2018 DOI : 10.1016/j.actbio.2018.10.037 Biomimetic recyclable microgels for on-demand generation of hydrogen peroxide and antipathogenic application (Visuel Sarah Bird/Michigan Tech)
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