Comprendre la manière dont les virus pénètrent dans les cellules puis parviennent à libérer leur ADN dans le noyau de la cellule hôte pour se répliquer, pourrait mener à de nouvelles stratégies antiinfectieuses. C’est la tâche à laquelle s’attaque cette équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) qui présente ses travaux dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS).
« Nous allons essayer de trouver une molécule pour bloquer cette action», commente le professeur Tijssen, professeur émérite à l'INRS spécialisé en virologie moléculaire, qui dirige cette recherche, précisément sur certains types de parvovirus. En collaboration avec des scientifiques américains, son équipe vient de découvrir une nouvelle stratégie des parvovirus pour atteindre le noyau cellulaire soit leur site de réplication.
Les parvovirus sont des virus extrêmement contagieux et persistants dans l'environnement.
Ces virus sont principalement transmis par les excréments d'un animal contaminé. Ils peuvent infecter les invertébrés, les vertébrés, les mammifères et les humains. Ainsi, chez l'Homme, on connaît principalement le parvovirus B19 responsable d'infections généralement généralement bénignes Pour atteindre le noyau des cellules hôtes, les parvovirus utilisent principalement des réactions enzymatiques. Ils sont d'abord absorbés par la cellule à l'intérieur d'une vésicule, un compartiment membranaire. Pour s'échapper, les parvovirus activent un domaine enzymatique viral appelé phospholipase A2 (PLA2), un mécanisme clé découvert en 2001 par le même laboratoire INRS.
S’'échapper de la vésicule par d'autres moyens : certains types de parvovirus, ainsi que d'autres virus non enveloppés, ne possèdent pas ce domaine enzymatique et doivent donc s'échapper de la vésicule par d'autres moyens. Les chercheurs montrent ici qu'un parvovirus comporte un faisceau d'hélices pentamère interne, maintenu ensemble par des ions calcium. Lorsque le microorganisme est dans la vésicule, où la concentration de calcium est diminuée via l'élimination des substances toxiques, le faisceau est libéré et ouvre la coquille protéique (capside) renfermant son matériel génétique, permettant à l'ADN viral de s'échapper dans le noyau cellulaire pour la réplication.
Il existe donc bien d’autres moyens chez les virus pour pénétrer le noyau de la cellule hôte et libérer leur ADN pour se répliquer.
Ainsi, il exite peut-être d'autres stratégies virales qui vont mener à de nouveaux antiviraux capables de bloquer ces stratégies.
Source: PNAS August 3, 2020 DOI : 10.1073/pnas.2008191117 Molecular biology and structure of a novel penaeid shrimp densovirus elucidate convergent parvoviral host capsid evolution