Biospleen, c’est le nom de ce dispositif qui pourrait bientôt venir à bout du pronostic souvent fatal de la septicémie. Ce nouveau système de dialyse, à base de nanoparticules magnétiques recouvertes d'une protéine sanguine humaine synthétique, MBL, fonctionne comme la rate et est capable de filtrer les agents pathogènes du sang, comme les bactéries, les champignons ou les toxines. Présentation de cette invention dans la revue Nature Medicine.
Avec ce dispositif, ces bioingénieurs de l'Institut Wyss de Harvard ouvrent une voie d'amélioration précieuse du pronostic pour les patients atteints de septicémie (ou sepsis), une réaction immunitaire sévère à une infection du sang, souvent mortelle car trop rapide pour être contrée par des antibiotiques. En effet, l'identification de l'agent pathogène responsable de la septicémie peut prendre plusieurs jours, et dans la plupart des cas n'est d'ailleurs jamais identifié. Dans ce cas, les antibiotiques à large spectre échouent la plupart du temps, avec, de plus, des effets secondaires parfois dévastateurs. Le Pr Mike Super, auteur principal de l'étude, rappelle que la septicémie tue ainsi plus de 8 millions de patients chaque année, en dépit des traitements et des soins intensifs.
« Biospleen » répond ainsi à un véritable besoin.
L'étude montre ici sur l'animal et sur du sang humain une capacité du dispositif à purifier le sang au-delà des attentes des chercheurs : En quelques heures, Biospleen parvient à filtrer du sang les pathogènes vivants et morts et leurs toxines. Le dispositif, dont le mécanisme est conçu comme celui d'une rate humaine, travaille à l'extérieur du corps comme une machine de dialyse, avec un canal pour le sang circulant et un autre canal destiné à recueillir les agents pathogènes. De minuscules billes magnétiques de taille nanométrique (128 nm) recouvertes d'une version génétiquement modifiée d'une protéine immunitaire naturelle, nommée MBL, attirent les pathogènes : MBL se lie à des sucres spécifiques de surfaces des bactéries, champignons, virus et toxines. L'aimant attire les billes magnétiques revêtues d'agents pathogènes (Voir visuels ci-dessus) pour nettoyer le sang qui est ensuite renvoyé au patient.
Testé sur du sang humain enrichi de pathogènes, Biospleen est capable de retirer plus de 90% des agents pathogènes, à raison d'un demi à un litre de sang purifié/heure. Chez des rats infectés par la bactérie E. coli, S. aureus, et des toxines, ce même résultat est confirmé après 5 heures de filtrage.
Source: Nature Medicine 14 September 2014 doi:10.1038/nm.3640 An extracorporeal blood-cleansing device for sepsis therapy (Visuel@Harvard's Wyss Institute)
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