Cette méta-analyse, centrée sur les Etats-Unis, sur l’évolution des infections à S. aureus résistantes à la méthicilline (SARM) est la première à apporter les grandes tendances claires, en particulier sur la propagation « communautaire » hors établissements de santé ou infections nosocomiales. Cette large étude, menée par des chercheurs de l’Université de Chicago et publiée dans l’édition du 4 janvier de la revue PLoS ONE révèle, en particulier, une hausse spectaculaire des infections au cours des deux dernières décennies, avec des niveaux endémiques de SARM dans certaines régions sans précédent et plus tôt chez les enfants que chez les adultes.
Le Staphylococcus aureus est la cause la plus fréquente d'infection cutanée et des tissus mous chez l'homme. Si les souches de S. aureus résistantes à la méthicilline (SARM) qui ont émergé dans les années 1960 ont présenté une menace pour la santé publique relativement limitée jusqu'aux années 1990, ensuite elles ont commencé à se propagé hors établissements de soin (infections nosocomiales) mais au sein des communautés. Les infections à SARM entraînent des infections graves, parfois mortelles, même chez les personnes en bonne santé. Sur la base de nombreuses études monocentriques les auteurs montrent l'augmentation des infections à SARM en dehors des centres des soins de santé au cours des deux dernières décennies en particulier à partir des années 2000, une augmentation qui commence à se stabiliser dans la fin des années 2000 sauf pour les cas pédiatriques qui ont atteint leur pic plus tôt. La courbe de propagation de ces infections à SARM communautaires a été établie : Le taux d'infection croît comme une fonction non-linéaire en fonction du temps. Lorsqu'une seule une petite proportion de la communauté est infectée, le taux de croissance reste faible. Après un certain laps de temps, au-delà d'un certain nombre d'infections circulant dans la population, le nombre de contacts entre les personnes sensibles et les personnes infectées augmente puis c'est une croissance rapide des infections. Finalement, la croissance ralentit pour s'établir à un niveau endémique (Voir Schéma ci-contre).
65% des infections à SARM sont communautaires : Globalement, aujourd'hui, (aux Etats-Unis) les infections à SARM d'origine communautaire ont dépassé les infections nosocomiales (en établissements) et représentent 65% de l'ensemble des infections à SARM. Les infections communautaires à SARM semblent également avoir atteint un plateau autour de 60 à 70% de toutes les infections à SARM chez les enfants dès la milieu des années 1990, mais cette proportion reste encore en hausse chez les adultes en 2010.
Des résultats qui tranchent avec ceux des autorités sanitaires américaines, alors que les CDC par exemple relève que les infections à SARM cliniquement sévères restent diagnostiquées le plus souvent chez les patients hospitalisés et que l'incidence des infections nosocomiales à SARM diminue de façon constante sur la période 2004-2008. Or, dans cette étude, les auteurs constatent que l'incidence des infections à SARM communautaires a considérablement augmenté chez les adultes sur la même période. Des résultats qui sont à rapprocher des efforts menés contre ces infections hospitalières aux Etats-Unis et dans de nombreux pays alors que les mêmes infections d'origine communautaire restent très largement sous-estimées.
Source: PLoS ONE 8(1): e52722. doi:10.1371/journal.pone.0052722 January 2, 2013 Epidemics of Community-Associated Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus in the United States: A Meta-Analysis (Vignette Staphylococcus aureus CDC)
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