Le miel un super anti-bactérien contre les bactéries résistantes aux antibiotiques ? Cette étude australienne n’est pas la première à le suggérer. Ces conclusions, publiées dans l’édition de février de PLoS One, viennent en effet confirmer les propriétés antibactériennes du miel, utilisé depuis l'antiquité pour prévenir l'infection des plaies. Mais, attention, il s'agit ici de « miel médical » et il n'est pas question d'utiliser le miel disponible à la consommation.
Les chercheurs de l'université de technologie de Sydney et d'autres instituts de recherché australiens et de Nouvelle Zélande ont examiné les effets de différents types de miels de Nouvelle-Zélande sur le développement et l'apparence de différentes bactéries en laboratoire, en milieu de « plaies chroniques ifectées ». Ils constatent que les différents miels entraînent des effets différents, mais certains types de miels, dont « le miel de Manuka », produit en Australie et en Nouvelle-Zélande, montrent bien des effets significatifs en réduisant la croissance bactérienne. Ces chercheurs avaient déjà publié une autre étude sur les effets, en laboratoire, de la combinaison miel-antibiotiques sur le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM). Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques, même de dernière ligne, est en augmentation, tout ce qui peut contribuer à retarder la croissance bactérienne est bienvenu, en particulier lorsqu'il s'agit de composés naturels. Mais, étant un produit naturel, chaque miel est différent, car fabriqué par les abeilles à partir de plantes différentes, provenant de différentes régions et présente donc des effets variables. Il faut enfin préciser que cette étude a été cofinancée par la société Comvita, qui commercialise du miel dit « de qualité médicale ». Les résultats de cette étude devront donc être confirmés par des instituts indépendants. Enfin, une méta-analyse de la collaboration Cochrane a récemment également que certains composés du miel auraient un certain effet des brûlures modérées, sans pour autant apporter de preuves solides d'un effet bénéfique du miel sur la cicatrisation des plaies(2).
Méthylglyoxal (MGO) et peroxyde d'hydrogène, 2 composés uniques : Le miel utilisé dans cette étude était de « qualité médicale » donc spécialement préparé pour un usage médical. Les chercheurs ont comparé les effets de différents types de miel sur la croissance bactérienne en laboratoire, dans l'objectif d'une utilisation éventuelle dans la cicatrisation des plaies. Ces miels ont été choisis pour leurs niveaux différents en 2 deux composés chimiques, le méthylglyoxal (MGO) et le peroxyde d'hydrogène, dont l'action antibactérienne a déjà été suggérée. Ici, les miels « de Manuka » présentaient les niveaux les plus élevés de MGO et des niveaux modérés en peroxyde d'hydrogène, les miels « de Kanuka » un faible niveau de MGO et des niveaux modérés de peroxyde d'hydrogène et miel de trèfle très peu des 2 composés chimiques.
Ces miels ont été ajoutés, en laboratoire, à 4 espèces bactériennes qui se développent dans les plaies chroniques, des plaies qui, ouvertes et infectées, peuvent donner lieu à des dommages tissulaires. Certaines souches de ces 4 espèces bactériennes (Bacillus subtilis Baccilus, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli et Staphylococcus aureus) ont acquis une résistance à plusieurs antibiotiques. Les chercheurs ont regardé si le miel ralentissait le développement bactérien ou affectait directement la forme des bactéries.
Différentes bactéries, différents miels, différentes réponses…Les auteurs constatent que,
· Pseudomonas aeruginosa est la bactérie la moins sensible aux effets du miel,
· certains miels, comme le miel de Manuka et la plupart, même dans une moindre mesure, se montrent efficaces à ralentir le développement des bactéries,
· l'effet des miels sur la croissance bactérienne apparaît lié principalement au peroxyde d'hydrogène,
· la suppression des effets du peroxyde d'hydrogène ne supprime pas complètement les effets des miels,
· les deux composés chimiques identifiés, MGO et peroxyde d'hydrogène ne seraient donc pas seuls à avoir des effets antibactériens,
· des effets différents sont constatés sur les différentes cellules bactériennes, dont des changements de longueurs des cellules bactériennes, l'éclatement de certaines d'entre elles, et des changements d'ADN.
Donc une réponse variable de l'effet du miel sur les bactéries de plaies chroniques mais des implications importantes possibles dans le traitement des plaies infectées. Des résultats, s'ils restent à confirmer, qui viennent renforcer intérêt de plus en plus marqué pour les propriétés antibactériennes du miel, utilisé depuis l'antiquité pour prévenir l'infection des plaies. A noter également, cette étude de 2010, publiée dans le Journal of the Federation of American Societies for experimental Biology (FASEB) qui montrait qu'une protéine, la défensine-1, ajoutée au miel par les abeilles, possède de puissantes propriétés antibactériennes.
Source: PLoS ONE online February 13 2013 doi:10.1371/journal.pone.0055898 The Effect of New Zealand Kanuka, Manuka and Clover Honeys on Bacterial Growth Dynamics and Cellular Morphology Varies According to the Species (Visuel © kubais – Fotolia.com)
Lire aussi:
(1) Cochrane Review 28 FEB 2013 DOI: 10.1002/14651858.CD005083.pub3 Honey as a topical treatment for wounds
Le MIEL, un ANTIBIOTIQUE : Découverte d'une protéine du miel qui tue les bactéries –