Un milieu humide permet l’évolution du processus de cicatrisation. Pour autant, l’excès d’humidité peut être délétère, tant pour la plaie que pour la peau péri-lésionnelle et le confort du patient. Il est donc nécessaire de gérer ce « trop d’exsudat » localement, d’en traiter tant que possible l’étiologie et protéger la peau saine autour de la lésion, afin d’éviter que la plaie ne s’agrandisse.
Localement, différentes stratégies peuvent être mises en place : 1. Positionner un seul pansement, type hydrocellulaire (ex : HydroTac®), adapté aux plaies moyennement à très exsudatives, relativement planes, en phase de bourgeonnement. 2. Appliquer un pansement primaire absorbant (en contact avec la plaie) et le recouvrir d'un pansement également absorbant s'il est insuffisant ou si un espacement des soins est souhaité. Le pansement primaire peut être un absorbant et drainant type alginate (ex : Sorbalgon®) ou fibres de CMC (carboxyméthylcellulose de sodium) sur une ou plusieurs épaisseurs, selon le volume de l'écoulement à absorber. Pour les plaies cavitaires, des hydrocellulaires cavitaires type PermaFoam Cavity® peuvent être préférés. Ils sont plus absorbants et offrent l'avantage de ne pas se déliter au retrait (N.B. Leur remboursement est partiel).
Pour le recouvrement, l'offre des pansements secondaires s'est considérablement élargie cette dernière année, de la compresse (tissée ou non) à la compresse absorbante plus communément appelée en France « pansement américain » (ex : Zetuvit®), aux compresses super-absorbantes (RespoSorb Super®).
A ce jour, les super-absorbants sont classés et remboursés sur la base des hydrocellulaires. En théorie, selon la nomenclature de 2010 relative aux conditions de prise en charge des pansements, ces pansements ne devraient donc pas pouvoir être associés avec les pansements primaires cités précédemment, même si la grande majorité d'entre eux ne sont pas conçus pour être en contact direct avec le lit de la plaie. Une différenciation de classe pour ces pansements serait donc souhaitable.
La différence entre les compresses absorbantes et super-absorbantes tient à leur composition. Les compresses traditionnelles sont fabriquées à base de cellulose alors que les super-absorbants contiennent davantage de polyacrylate. Les grandes capacités d'absorption du polyacrylate sont connues et leur utilisation répandue depuis longtemps (ex : couches pour enfant). Il absorbe mieux l'eau pure que l'eau chargée de sels et semble davantage adapté aux écoulements fluides qu'épais. En absorbant, ce polymère se gélifie. Le pansement s'épaissit et s'alourdit, ce qui doit être pris en compte lors de la pose.
Si les écoulements sont supérieurs aux capacités d'absorption des pansements (ex : en cas de lymphorée) et si la plaie est relativement bien délimitée, une poche de recueil peut être positionnée. Dans ce cadre, il est préférable de positionner des poches avec fenêtre (ou bi-bloc) afin de permettre le nettoyage de la plaie.
En cas de macération : Les fuites ou excès d'exsudat entraînent rapidement l'apparition de macération (aspect blanchâtre), d'où l'importance de positionner des pansements adaptés. Si une macération apparaît malgré tout, la peau peut être protégée avec des pâtes à l'oxyde de zinc (ex : Aloplastine®) ou des crèmes protectrices de type filmogène.
Newsletter Plaies et Cicatrisation, réalisée en partenariat avec Paul Hartmann
Auteur: Isabelle Fromantin, Infirmière experte Plaies et Cicatrisation-Institut Curie