La transplantation fécale a le vent en poupe même si elle reste peu pratiquée encore et si de nombreux patients y sont réticents. Cette étude de l'Université du Maryland, publiée dans l’édition du 26 novembre de la revue PLoS ONE réaffirme ses bénéfices possibles, ici pour montrer qu’en restaurant des bactéries utiles et normales de l'intestin, la transplantation fécale peut contribuer à traiter les patients souffrant d'infections à Clostridium difficile récurrentes.
Leur étude longitudinale a examiné les patients traités pour des infections à Clostridium difficile récurrentes par transplantation de matières fécales de donneurs sains. Ce traitement parvient à bien restaurer la composition bactérienne normale et même à « résoudre » l'infection.
On sait que C. difficile est responsable d'une des infections nosocomiales les plus fréquentes et entraîne une majorité des diarrhées associée aux antibiotiques. Le taux d'infections à C. difficile récurrentes après antibiothérapie est estimé à 20% et s'élève encore avec les traitements antibiotiques supplémentaires. Les recommandations précisent que le diagnostic d'infection à C. difficile doit être évoqué en priorité chez les patients présentant une diarrhée aigüe et des facteurs de risques d'infections liées à ce germe soit les antécédents d'antibiothérapie < 2 mois, les antécédents d'hospitalisation < 2 mois et un âge de 65 ans et plus. On estime que la mortalité imputable à l'infection par C. difficile varie de 0,6 à 3,0% mais peut atteindre 35 à 50 % en cas de complications.
Les patients atteints présentent une moindre diversité de bactéries intestinales bénéfiques, ce qui contribue à la maladie. La transplantation du microbiote fécal a déjà été évoquée comme une option thérapeutique car elle permet de rétablir une flore intestinale fonctionnelle chez le patient. Cependant, ses effets à long terme ont été peu étudiés. Cette étude apporte un premier point sur les effets immédiats et à long terme de la transplantation fécale sur le microbiome des patients atteints d'infection à C. difficile.
Les chercheurs ont suivi les changements de la flore intestinale d'une large population de patients traités vs témoins non traités, grâce à de nouvelles techniques en génomique et en bio-informatique. Le Pr W. Florian Fricke, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Institut des sciences du génome du Maryland explique qu'il faut (mieux) comprendre les événements du microbiote, associés à la maladie puis au traitement, pour transplanter le « meilleur » microbiote possible. Leur démarche était de pouvoir également identifier des biomarqueurs de susceptibilité à cette infection, dans le microbiote des patients.
Leur étude confirme l'efficacité et apporte un premier modèle thérapeutique possible de la transplantation fécale dans la lutte contre les infections récurrentes à C. difficile, souligne l'importance du microbiome dans le maintien de la santé et démontre que les bonnes bactéries jouent un rôle essentiel dans les défenses immunitaires contre la maladie. Ces résultats, de plus, suggèrent que cette thérapie, encore mal acceptée, pourrait être efficace pour traiter d'autres maladies, liées également à des changements dans le microbiote intestinal de l'homme, comme l'obésité et le diabète. Il a donc fort à parier que cette option thérapeutique trouve peu à peu sa place en pratique clinique.
PLoS ONE Nov 26, 2013 DOI: 10.1371/journal.pone.0081330 Microbiota Dynamics in Patients Treated with Fecal Microbiota Transplantation for Recurrent Clostridium difficile Infection (Visuel InVS)