Une question de testostérone, explique cette étude de Stanford : Chez les hommes, des niveaux élevés de testostérone peuvent indiquer une faible réponse immunitaire, ici au vaccin contre la grippe. Mais pas seulement. Ces résultats, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) contribuent à expliquer pourquoi, en général, les hommes sont plus sensibles à l'infection bactérienne, virale, fongique et parasitaire que les femmes et pourquoi leur système immunitaire ne réagit pas aussi fortement à la vaccination contre la grippe ou d’autres maladies.
Ces scientifiques montrent en effet que les hommes ayant des niveaux relativement élevés de testostérone circulante produisent moins d'anticorps protecteurs, ici après la vaccination contre la grippe, que les hommes ayant des niveaux plus faibles de testostérone et les femmes. Ils montrent aussi, dans cette étude que les femmes répondent mieux, en général, au vaccin que les hommes. Ainsi, la réponse immunitaire d'hommes avec des niveaux de testostérone peu élevés est à peu près similaire à celle des femmes.
L'étude, menée sur 53 femmes et 34 hommes, participant à une étude longitudinale depuis 2008 sur la vaccination anti-grippe, montre qu'en moyenne, les femmes ont avant la vaccination des taux sanguins moyens plus élevés de protéines de signalisation pro-inflammatoires – ce qui constitue un dispositif clé de l'activation du système immunitaire- et après la vaccination, des réponses significativement plus fortes au vaccin contre la grippe. Les échantillons de sang des participants ont été « passés au crible » au point de déterminer, parmi quelque 22.000 gènes dans les cellules immunitaires circulantes, les actifs et les inactifs. L'analyse montre ainsi que, chez les hommes, l'activation ou l'extinction d'un ensemble spécifique de gènes sont associées à une réponse affaiblie au vaccin.
La testostérone interagit avec un ensemble de gènes de la réponse immunitaire : Le fait que les hommes soient plus sensibles aux infections que les femmes et que leur système immunitaire ne réponde pas aussi fortement à la vaccination était connu, les raisons ne l'étaient pas. De précédentes études sur l'animal ou sur des cellules humaines avaient établi les propriétés anti -inflammatoires de la testostérone, suggérant ainsi une interférence possible de l'hormone avec la réponse immunitaire. Cependant cette étude n'identifie aucune relation entre les taux circulants de protéines pro-inflammatoires et la réponse au vaccin contre la grippe mais montre que la testostérone interagit avec un ensemble de gènes impliqués dans la réponse immunitaire. Le Dr Mark Davis, professeur de microbiologie et d'immunologie à Stanford confirme cette corrélation entre les niveaux de testostérone, l'expression des gènes et la réponse immunitaire suggérant, dans certains cas, l'intérêt de réduire les niveaux de testostérone, ou du moins, de considérer la testostérone comme une cible intéressante de poursuite des recherches sur l'immunité.
La testostérone, un point faible masculin ? Pourquoi l'évolution a-t-elle conçu une hormone qui d'une part améliore les caractéristiques sexuelles masculines et d'autre part affaiblit le système immunitaire?
Les auteurs suggèrent que les hommes, ont toujours été, au fil de l'évolution plus à risque de lésions corporelles graves, de conflits violents entre pairs ce qui augmente leur risque d'infection. Une réaction excessive à ces infections pourrait être plus dommageable que l'agent pathogène lui-même. Les femmes, avec leur réponse immunitaire plus forte, sont deux fois plus susceptibles que les hommes de décéder de septicémie. Posséder un système immunitaire modéré, sans être trop faible, pourrait s'avérer plus adapté à l'homme « dans la fleur de l'âge ».
Source: PNAS 2013 Dec. 23 doi: 10.1073/pnas.1321060111 Systems analysis of sex differences reveals an immunosuppressive role for testosterone in the response to influenza vaccination (Visuel© JPC-PROD – Fotolia.com)