Personne ne fait encore l’exercice, sauf cette étude de l’Université McGill qui estime les conséquences d'une réévaluation régulière, à l’hôpital, de l'utilisation des antibiotiques, ici contre C. difficile, sur les coûts de santé et les taux d'infection. Marquer un temps d'arrêt et de réflexion, face à la survenue de nouvelles données cliniques afin de réexaminer l'indication, la dose et la durée d'utilisation des antibiotiques, peut non seulement entrainer une réduction des coûts des antibiotiques et un usage mieux ciblé mais, dans le même temps permettre légère baisse des infections à C. difficile. Les conclusions de ce programme canadien, présentées dans les Annals of Internal Medicine, appellent donc à être plus largement suivies.
Les auteurs rappellent l'importance en santé publique de l'émergence des antibio-résistances, qui facilitent la propagation des infections nosocomiales –ou communautaires-, comme à Clostridium difficile, augmente les coûts de santé et aboutit à des impasses thérapeutiques face au nombre limité d'antibiotiques de seconde ou troisième lignes, ou encore de cours de développement. Selon les Centers Disease Control and Prevention (CDC), ainsi près de 50% des prescriptions d'antibiotiques seraient inutiles ou inappropriés.
Et si l'on se donnait le temps de la réflexion ? C'est la question que se sont posée ces chercheurs du Centre universitaire de santé McGill. L'idée était de pouvoir réévaluer régulièrement l'efficacité de la stratégie de traitement et de pouvoir l'adapter en fonction de l'évolution de l'environnement clinique. Les chercheurs ont donc planifié des périodes de réflexions structurées, développé une check list de contrôle et testé ce programme sur une période de 18 mois, sur 679 patients hospitalisés à l'Hôpital général de Montréal. Tous les personnels étaient sensibilisés. Les médecins et internes devaient vérifier l'indication, la dose et la durée d'utilisation des antibiotiques en cas de nouvelles données cliniques, les autres personnels étaient également informés sur le bon usage des antibiotiques et participaient, 2 fois par semaine, à un examen des patients recevant des antibiotiques.
Ce programme aboutit concrètement à:
· des changements de doses,
· de durée
· et de type d'antibiotique prescrit.
Il mène aussi à,
· une amélioration des pratiques de prescription
· des réductions de coûts dont des coûts des antibiotiques
· une faible diminution des infections à C. difficile.
· une amélioration du niveau de confiance des médecins dans leur prescription, ainsi qu'une « valorisation clinique ».
Les résultats sont donc positifs et confirment donc l'importance, à l'Hôpital, d'organiser ces temps de réflexion permettant d'ajuster les prescriptions d'antibiotiques, à la fois aux cas patients, mais aussi, plus largement, à l'environnement infectieux de l'hôpital.
Source: Annals of Internal Medicine 18 November 2014 doi:10.7326/M13-3016 Antibiotic Self-stewardship: Trainee-Led Structured Antibiotic Time-outs to Improve Antimicrobial Use
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