Physiologiquement, une plaie exsudative ramollit doucement la nécrose jusqu’à la déliter. La détersion autolytique consiste à renforcer ce phénomène afin de le rendre plus rapidement efficace. Ce résultat est obtenu par un apport d’humidité très élevé sur la plaie.
Ce mode de détersion peut être utilisé pour :
· Préparer un geste de détersion mécanique, en ramollissant les tissus nécrosés afin d'en faciliter le retrait.
· Compléter une détersion mécanique si les tissus nécrosés ou fibrineux n'ont pu être retirés en totalité et / ou semblent se reformer. Cette stratégie permet de limiter les microtraumatismes répétés et leurs impacts (douleur, saignement).
· Assurer la détersion complète d'une plaie. Dans cette situation, les tissus dévitalisés doivent être de faible épaisseur.
Des pansements à action de détersion autolytique : La plupart des pansements ont été conçus ces 40 dernières années d'après un principe de cicatrisation en milieu humide. Ils peuvent donc tous prétendre à une action de détersion autolytique. Certains sont cependant plus indiqués que d'autres en phase de détersion :
Les plus anciens, les hydrocolloïdes (ex : Hydrocoll®). Occlusifs et composés de CMC (carboxymethylcellulose), ils augmentent le taux d'humidité à la surface de la plaie. Le produit se délite progressivement avec la fibrine et la nécrose, jusqu'à saturation. Un gel plus ou moins malodorant (désigné en anglais sous le terme de « pus like ») est observable au retrait. Il ne doit pas être confondu avec du pus.
L'action autolytique de ce produit est lente. Il est donc réservé à des plaies relativement superficielles. Le pansement ne doit pas être changé avant saturation pour être efficace. En conséquence, sa fixation doit être renforcée s'il risque de ne pas rester en place.
Les drainants–absorbants types alginate (ex : Sorbalgon®) ou fibres de CMC se gélifient au contact des exsudats, sans se déliter. Pour obtenir une action détersive, il est indispensable que le produit ne s'assèche pas entre deux soins du fait d'écoulements insuffisants ou inconstants et/ou d'une évaporation liée à l'environnement (ex : chaleur) et/ou d'une absorption excessive liée au pansement de recouvrement (ex : compresse absorbante). Ils se positionnent davantage en complément d'un geste de détersion, ou dès la période de chevauchement entre les phases de détersion et de bourgeonnement (granulation).
Les hydrogels ont été spécialement conçus pour les plaies nécrotiques. Principalement composés d'eau (> 80%) et proposés en uni-dose de 15g, ces gels sont très efficaces en phase de détersion lorsqu'ils sont recouverts d'un film semi-perméable (ex : Hydrofilm®). Les gels doivent être différenciés des pansements en gel type Hydrotac® Transparent, qui peuvent être recommandés dans des indications différentes telles que les radiodermites.
Les irrigo-absorbants (ex : Hydroclean®) se distinguent des hydrogels par une action combinée d'irrigation (efficace sur la détersion) et d'absorption (assurant le drainage des écoulements) particulièrement efficace tant en phase de détersion que de granulation. Cette « double action » permet de les positionner même si la plaie présente des premiers signes infectieux, situation fréquemment associée à la présence de tissus dévitalisés.
Les hydrogels et irrigo-absorbants ont en commun d'exposer la peau péri-lésionnelle à un risque de macération. Ce risque peut être prévenu par l'application d'un protecteur cutanée (ex : Alloplastine®, Cavilon®).
Le développement et les améliorations apportées à l'ensemble de ces produits ont permis à la « détersion autolytique » de s'inscrire comme un mode de débridement à part entière, sur des indications complémentaires (mais non substitutives) à la détersion mécanique.
Newsletter Plaies et Cicatrisation, réalisée en partenariat avec Paul Hartmann
Auteur: Isabelle Fromantin, Infirmière experte Plaies et Cicatrisation-Institut Curie