41 cas d’infections à Clostridium difficile ou C. difficile inquiètent les services sanitaires de Provence-Côte d’Azur. Ici, il s’agit d’une souche « mutante », nommée 027, responsable d'infections nosocomiales dans les établissements des Bouches-du-Rhône. Cette souche, associée à une contagion prolongée et très difficile à traiter par antibiotiques, libère des spores très résistantes sur une longue période presque impossibles à éliminer. La souche en question a déjà été confirmée comme responsable d'épidémies en Europe, en Amérique du Nord et en Australie et entraîne des diarrhées graves pouvant causer la mort, en particulier chez les patients âgés et les plus vulnérables.
La bactérie C. difficile peut entraîner des ballonnements, une diarrhée, des douleurs abdominales. D'une manière générale, elle est présente dans le corps de certaines personnes où d'autres bactéries de l'intestin l'éliminent et l'empêchent de se propager, mais en cas de traitement par certains antibiotiques à large spectre, ces autres bactéries peuvent être détruites et l'intestin envahi par C. difficile. L'incidence à l'hôpital des infections à C. difficile (ICD) varie de 1 à 10 pour 1.000 admissions. Le taux de mortalité de l'infection à C. difficile varie de 0,6 à 1,5 %, mais peut atteindre 50 % en cas de complications. L'infection est fréquemment récurrente, 20 et 30 % des victimes font des rechutes.
Identifiée pour la première fois en 2006, la souche 027 Clostridium difficile a donné lieu à la mise en œuvre d'une surveillance des infections à Clostridium difficile en France, renforcée par le signalement des cas groupés ou sévères dans les établissements de santé (ES). Des scientifiques du Welcome Trust ont récemment travaillé sur cette souche spécifique 027 et montré sur la souris, qu'une combinaison définie de bactéries, naturellement présentes dans l'intestin était capable d'en venir à bout. Mais cela reste une piste, l'antibiothérapie restant le seul recours chez l'Homme.
En France, un bilan de l'Institut de veille sanitaire de 2012, montre sur 330.000 patients hospitalisés en France, 5% vont présenter une ou plusieurs infections nosocomiales actives et 17% seront traités par traités par au moins un antibiotique. C. difficile est identifié comme l'un des agents majeurs d'infections nosocomiales. Alors que les entérobactéries sont les plus fréquemment à l'origine des IN (45%), Clostridium difficile compte pour 2,7% des micro-organismes isolés d'IN, après Escherichia coli (26,0% des micro-organismes isolés), Staphylococcus aureus (15,9%) et Pseudomonas aeruginosa (8,4%) et devant Candida albicans (2,3%). La prévalence des infections à Clostridium difficile a cependant doublé en France depuis 2006, restant toutefois faible. Le mésusage des antibiotiques est invoqué pour expliquer cette progression en particulier, les augmentations des consommations de métronidazole et de vancomycine.
D'autres modèles d'intervention à réfléchir : C. difficile, réputé comme un agent nosocomial est, en réalité, majoritairement à l'origine, aussi, de foyers d'infections communautaires. Cela signifie qu'il pourrait devenir difficile de contrôler la bactérie par les stratégies actuelles de lutte contre les infections nosocomiales. Des études sont en cours pour mieux comprendre les voies de transmission et identifier les réservoirs pour pouvoir développer d'autres modèles d'interventions pour réduire la propagation du C. difficile.
A ce jour, les mesures appliquées en établissement comprennent l'isolement des patients, les mesures de prévention pour les personnels soignants (port de gants, lavage des mains et désinfection). 4 patients infectés sont toujours hospitalisés à l'hôpital Nord de Marseille mais l'ARS estime que le foyer est sous contrôle.
Med Mal Infect 01/02/2013 Clinical and microbiological features of Clostridium difficile infections in France: the ICD-RAISIN 2009 national survey
PLOS Pathogens on 25 October DOI: ppat.1002995 Targeted restoration of the intestinal microbiota with a simple, defined bacteriotherapy resolves relapsing Clostridium difficile disease in mice
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