Le porc peut être un donneur de choix pour la greffe de peau car sa peau présente une structure proche de celle des humains, cependant le rejet peut être très rapide. Indispensable en cas de brûlure profonde ou étendue, le recours à la greffe de peau peut aussi permettre de protéger la plaie durant sa cicatrisation et son rejet ne doit donc pas être trop rapide. Ces travaux, présentés dans la revue Transplantation, ouvrent l’espoir d’une nouvelle alternative, précieuse, pour les greffes de peau dans le traitement de ces patients gravement brûlés : La peau d’un porc transgénique qui pourrait doubler le délai de couverture de la plaie contribuant ainsi au mieux à sa cicatrisation.
Le traitement des brûlures affectant plus de 30% de la surface du corps consiste à retirer la peau endommagée et de recouvrir la plaie, de préférence, par une greffe de peau du patient. Quand la peau intacte du paient est insuffisante, les chirurgiens recourent à des greffes de tissus de donneurs décédés qui apportent une couverture temporaire. Mais les donneurs décédés sont rares, l'intervention est coûteuse, et reste le risque élevé de rejet du système immunitaire du patient. De plus, après un premier rejet, le risque s'accroît pour les greffes suivantes.
Alors, les chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) ont cherché à développer une alternative. Depuis plus de 30 ans, le service du Dr David H. Sachs, fondateur du Transplantation Biology Research Center du MGH étudiait comment faire accepter par l'organisme des organes et des tissus d'animaux pour la transplantation. Les chercheurs ont développé une race de porcs miniatures, ayant des organes proches en taille de ceux d'humains adultes mais génétiquement modifiés pour manquer de la protéine, Gal, responsable du rejet rapide des transplantations effectuées à partir de l'animal.
Ils rapportent ici que des greffes de peau effectuées à partir de ces porcs se sont avérées tout aussi efficaces dans le traitement de singes brûlés que des autogreffes. Les signes de rejet n'ont commencé à apparaître qu'au 10ème jour, avec un rejet « complet » au 12ème jour, soit un délai similaire à celui constaté avec des greffons de donneurs décédés ou provenant d'autres babouins. Une seconde greffe de peau de porc est restée à nouveau en place 12 jours, bien plus qu'une nouvelle greffe de donneur décédé ou d'un autre babouin.
Des porcs « GalT-knockout » : La peau de ces porcs vient enrichir l'arsenal dont nous disposons dans la gestion des brulûres », explique le Dr Curtis Cetrulo du Service de chirurgie plastique et reconstructrice et chercheur au Transplantation Biology Research Center du MGH. «Ces résultats apportent à la fois une alternative pour la greffe de peau ou pour la couverture temporaire de la plaie, une ressource précieuse donc pour la gestion des brulûres ». Son équipe travaille déjà à l'établissement de normes de de qualité clinique de ces greffons et espère pouvoir débuter un essai clinique rapidement.
Source: Transplantation 3 May 2014 doi: 10.1097/TP.0000000000000093 Lack of Cross-Sensitization Between [alpha]-1,3-Galactosyltransferase Knockout Porcine and Allogeneic Skin Grafts Permits Serial Grafting